Monday 8 October 2007

L'avion qui ne décolle jamais

En inde, un entrepreneur de Delhi simule des décollages dans un avion qui n'a plus qu'une seule aile. La carcasse d'un vieil Airbus A300 met le rêve du ciel et des nuages à portée des quelques roupies des bourses les plus pauvres.

Des hôtesses récitent les banales consignes de sécurité. De part et d'autre, les passagers bouclent leurs ceintures. Emerveillés. Ils attendent le grand moment, le décollage. Dehors, des façades miteuses de la banlieue de Delhi, l'herbe d'un terrain vague.
Ça crépite dans les hauts-parleurs : le capitaine Gupta annonce une zone de turbulences. Les passagers s'agitent. Mais par les hublots, le paysage n'a pas changé. Toujours les immeubles décrépits et l'herbe roussie. Et pour cause : l'avion du capitaine Gupta n'a qu'une aile, et pas de queue.
1% seulement des Indiens peut s'offrir l'avion
Bahadur Chand Gupta est un ancien ingénieur de la Indian Airlines. En 2003, ce quinqua rachète un Airbus déglingué, le démonte, puis le reconstruit dans un pré en banlieue de Delhi. Depuis, il propose un «baptême de l'air» terrestre à des clients médusés, ravis d'enfin palper des fauteuils, une carlingue ou des hublots qu'ils n'ont vu que dans les films. Ou hors de portée des bras, loin au-dessus de leurs têtes.
Certains passagers traversent le pays pour s'asseoir dans l'Airbus du capitaine Gupta. Sans kérosène, sans plateau-repas, mais avec apprentis hôtesses et stewards qui potassent le métier, le «voyage» est moins cher qu'un vol Ryan Air : 150 roupies, soit 3€. Il permet aux 99% d'Indiens qui n'auront jamais les moyens de s'offrir un vrai vol de déployer les ailes de l'imagination.

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